« On s’était donné rendez-vous dans dix ans », ça a commencé comme une chanson de Patrick Bruel. Un peu comme un défi lancé dans le vide en riant et finalement 10 ans plus tard, on était tous au rendez-vous : Valère, Jérèm’, Isa et moi. Depuis le lycée, on en avait fait du chemin et pourtant on s’est tous reconnu comme au premier jour. à la fois un peu pareils et à la fois différents, comme si une vie était passée entre temps.
Itinéraires des vieux de la vieille
Valère, l’artiste née
J’ai toujours considéré Valère comme la plus artiste de nous tous. Elle avait quelque chose de spécial pour la confection et la broderie. En dehors des heures de lycée, elle ne lâchait jamais rien et nous sortait des fois des dessins de costumes qui nous laissaient sans voix. Après le Bac pro, elle a fini par en faire son métier. Elle a commencé par faire des choses à façon pour des compagnies artistiques ou des acteurs. Elle a vivoté un moment, et puis finalement, une grosse production l’a repérée. Et elle a fini par rejoindre leur équipe. Quand on s’est vu, elle avait du travail devant elle pour longtemps encore, avec la boite en question.
Jérem, fait pour la vente
A la sortie de son Bac Pro commerce, Jérèm s’était fait embaucher par l’entreprise où il avait fait une alternance. ça ne nous avait pas étonné, il avait toujours eu du bagout en vente. Après quelques années, on lui confié la responsabilité d’une équipe. Comme il se sentait un peu à l’étroit, il a décidé de monter sa boite. un pur projet de distribution qui commence à bien fonctionner.
Isa, la maman poule
Avec Isa, en fait, on ne s’est jamais vraiment perdu de vue. On venait du même quartier et on n’avait fait nos années collèges et lycées ensemble. Je savais donc depuis tout ce temps qu’elle était partie sur autre chose. Après le bac pro gestion, elle avait tenue un temps dans le secrétariat mais ça ne lui avait pas plu. Suite à quelques concours, elle avait enchaîné les petits boulots dans la vente, mais on sentait bien qu’elle avait envie d’autre chose. Finalement, elle a rencontré quelqu’un et, assez rapidement, elle s’est mariée et a fait deux enfants. Après quoi elle a déménagé pour suivre son mari dans le sud. A dix ans de là, ses enfants ont grandi et elle envisage de reprendre une formation qualifiante pour se remettre au travail. Elle n’était pas encore bien fixée, mais comme il n’y a pas urgence, je pense qu’elle trouvera rapidement.
Marc, monsieur sécurité au casino
Moi, à l’époque, tout le monde m’appelait Monsieur sécurité. Il faut dire que j’avais la carrure. Des fois, ça m’énervait un peu même si c’était pas méchant. Après le lycée, j’ai presque failli tout plaquer mais finalement le destin m’a rattrapé. Je me plaisais dans la sécurité mais je ne me sentais pas de passer des concours pour devenir fonctionnaire. Quant à bosser dans une galerie marchande ou un endroit du style, encore moins. Comme un ami voulait monter une boite dans le domaine de la surveillance, je me suis laissé convaincre et je l’ai suivi. Pendant quelques années, les contrats s’enchaînaient et tout allait bien, mais finalement, de mon côté, j’ai fini un peu par me lasser. Empiler les heures, le stress, impossible de dégager même un jour de repos par semaine. Le salaire n’était pas toujours au rendez-vous. Ce n’était plus une vie. Du coup, on a trouvé un arrangement et j’ai laissé la boite à mon ami. J’étais de toute façon minoritaire. Suite à ça, le hasard a fait qu’un autre ami avait une connaissance plutôt bien placée qui travaillait dans le monde du casino en ligne et des jeux.
De mon côté, je trouvais l’idée sympa, mais j’étais plus attiré par le monde du casino traditionnel. Même si les meilleurs casinos en ligne ont sûrement besoin de sécurité, j’imagine qu’il s’agit plus de surveiller des comportements de joueurs, en restant planté toute la journée devant un écran. Je n’ai rien contre ceux qui le font, mais le travail dans les casinos traditionnels me semblait plus varié et plus proche de mes attentes que celui des casinos internet. Peu de temps après, une opportunité s’est présenté de ce côté là avec un vrai casino. En fait, ils recherchaient quelqu’un pour reprendre en main la sécurité de leur établissement. Le défi était intéressant. Il fallait s’occuper de l’endroit, manager les équipes de sécurité et s’assurer de la surveillance et de la bonne tenue des jeux. Le casino tournait super bien et il y avait de quoi faire. De mon côté, je n’y connaissais pas grand chose, il m’était arrivé de jouer au casino traditionnel quelquefois, à l’occasion de vacances au bord de mer mais sans plus. J’avais vu aussi quelques sites internet de jeux en ligne mais entre mettre 1 euro dans une machine à sous et savoir comment fonctionne la sécurité d’un casino terrestre, il y a un monde entre les deux. L’entretien s’est bien passé pourtant. Si je n’étais pas le roi du jackpot, ce qui peut-être n’était pas plus mal, sur le terrain de la sécurité et de la télésurveillance, je connaissais mon affaire. J’avais aussi occupé des responsabilités sérieuses et gérer des équipes. Il n’en a pas fallu plus pour que le directeur de l’établissement me donne ma chance.
A cinq ans de là, je dois avouer que pas une seule fois je ne me suis ennuyé dans ce boulot. La rétribution est à la hauteur du temps passé, le travail se fait dans la totale confiance et le défi est constamment renouvelé. Un casino, il faut vraiment que tout soit bien huilé à tous les niveaux pour que tout le monde soit content et surtout les clients. Il y a aussi quelque chose que j’ai découvert après et auquel je ne me serais pas attendu. Je ne sais pas trop comment le dire. Le Casino c’est comme un petit univers fermé qui a ses propres règles et pourtant rien n’est routinier. La plupart du temps, les gens sont heureux d’être là. Ils viennent pour se détendre et se divertir. L’endroit a du prestige aussi et ceux qui jouent ont souvent un certain « standing » et savent se tenir. C’est vraiment un monde à part. Quand je passais mes diplômes de sécurité, j’étais loin d’imaginer que je pourrais un jour travailler dans un tel environnement. Mais voilà, c’est fait et je suis bien parti pour y rester.
Les meilleures années de la vie
Voilà pour partager un peu nos itinéraires et rendre hommage à nos années lycées. Depuis tout ce temps je suis sûr que beaucoup d’anciens élèves auraient aussi de belles histoires à raconter. Je les salue tous au passage. Nous on voulait juste partager ces petites tranches de vie avec vous. On est pas devenus des vedettes ou quoique ce soit, mais on l’a jamais trop cherché. Et puis ça nous empêche pas d’être heureux et d’avoir une belle vie. Peut-être qu’on se reverra dans dix ans. En tout cas le rendez-vous est pris.
A tous ceux qui étudient aujourd’hui au lycée, nous vous souhaitons de belles études, une belle réussite et surtout de bien profiter de ces années là. En vous retournant vous verrez qu’elles feront souvent partie des meilleures de votre vie.